Le mot « changement » est l’un des termes les plus limitants qui puissent exister, et c’est en tant que coach que je me permets d’affirmer cela.
Un de mes confrères, avec une certaine carrière, vient de publier un post sur les réseaux sociaux en disant quelque chose du style : « Tout le monde veut le changement, mais personne ne pense à se changer soi-même. »
Dans le regard de ce coach, cette phrase est très juste et très profonde. Oui, je suis à 100 % d’accord que tout commence par soi-même ! Mais avouons-le, c’est un fantasme le changement!?
Oui, les gens veulent le changement sans se remettre en question, parce que le changement est impossible ! Et ce qui est impossible est attirant ; ce qui est impossible est excitant ! Ce qui est impossible nous maintient dans le rêve et l’espoir. C’est pourquoi, dans une société qui ne fonctionne pas, nous avons besoin de héros pour nous bercer d’illusions que le changement est possible.
Ce qui rend le changement impossible, c’est la volonté même de changer. Avez-vous ressenti ce que le mot « changement » évoque réellement pour vous ?
Pour moi, il évoque un réveil du désir, l’espoir d’un autre monde, un monde meilleur, mais aussi et surtout que je ne suis pas acceptable tel que je suis, que je dois changer pour devenir quelqu’un d’autre, que mes ombres sont quelque chose de mal, et que je dois correspondre à un idéal.
Et vous, comment vous sentez-vous en pensant au mot « changement » ?
Pensez-vous qu’il est possible de changer ? Pensez-vous que l’on peut se changer en Marie, en Jésus, en Pierre ou en Jacques ? Pensez-vous qu’on peut transformer la planète Terre en Mars ou en Vénus ?
C’est une question de perspective et de jeu de mots, je l’avoue. Tout dépend de ce que signifie le changement pour ce coach qui a posté cette réflexion et de ce que cela signifie pour chacun d’entre nous.
Le changement dans la politique
Un des endroits où l’on trouve souvent le concept de changement, c’est en politique, qui souvent nous déresponsabilise de notre souveraineté et nous maintient dans un monde d’espoir enfantin. L’impossible et l’impuissance d’une version politique, menées par des convictions qui suscitent des sentiments d’espoir, nous plongent dans l’espoir développé par l’enfant qui attend et espère parfois des jours meilleurs. Même les enfants ne changent pas, ils grandissent, ils deviennent adultes, puis matures… ce n’est pas vraiment un changement, mais une évolution naturelle.
L’espoir est utile pour les enfants, mais pour les adultes, espérer, c’est s’aveugler pour éviter de voir la réalité en face et de se confronter aux émotions douloureuses du moment. L’espoir pour les adultes est une fuite, une dissociation de la réalité.
Je suis navrée de ramener certains coachs et politiciens sur terre, qui sont parfois contraints de vendre du rêve pour faire tourner leurs affaires, pour qu’on vote pour eux, mais le changement est tout simplement impossible pour moi.
Il suffit d’observer dans le passé chaque politicien ou coach gourou et le changement qu’ils vous ont vendu. Je n’ai jamais été politicienne avant, pour vous donner un exemple personnel politique, mais j’ai personnellement participé aux séminaires et formations où j’ai marché sur le feu avec Anthony Robbins, que j’apprécie par ailleurs. Est-ce que j’ai changé ? Non !
Le changement, c’est politique, et regardez comment il agit en politique. Et l’espoir, pour les adultes, c’est suicidaire.
Le changement et le développement personnel
Un autre domaine où l’on trouve souvent le terme changement, c’est le coaching avec le développement personnel. Si le développement personnel est tant aujourd’hui controversé, c’est à cause de son aspect vendeur de rêves et des jeux de pouvoir qu’il engendre, avec la vente de rêve en message de devenir « la meilleure version de soi-même », ou il faut trouver le partenaire idéal, ainsi que des affirmations comme : « si tu veux, tu peux » qui, au final, sont très dangereuses. Sans oublier les guérisseurs qui veulent vous guérir sans que vous leur ayez demandé quoi que ce soit.
Vous allez probablement rire, mais je dis souvent à mes clients de ne pas venir en coaching avec moi ou méditer avec la volonté de changer, ou avec l’intention que je ou qu’ils guérissent. Mais de rentrer dans le courant du changement permanent. La volonté de changer ou de guérir matérialise l’obstacle et empêche le courant du changement permanent de la vie à se faire.
Même méditer, il ne faut jamais méditer pour un but précis. La méditation n’est pas forcément un moment de détente, et ce n’est pas une technique pour changer.
On peut éventuellement parler de changement dans le cadre d’une crise d’adolescence ou d’une situation de crise sociétale nommée par un certain médecin que je respecte beaucoup une « bouffée délirante », pour les ados, le changement serai pour ne pas sortir trop tard et boire beaucoup avec les copains et se concentrer sur les études… Chez les adultes, ne pas délirer dans des moments de crise, pour ne pas déraper dans des formes totalitaires délirantes. L’esprit d’adolescent qui s’écarte par l’amusement, ou l’adulte qui s’éloigne du réel pour la sécurité, on peut encore aborder cela comme une possibilité de changement. Le changement serait de revenir au réel, se concentrer sur des choses importantes, rester sur terre… mais les adultes ne changent pas, les adultes deviennent matures.
Les adultes ne changent pas, ils s’éveillent! Les adultes ne changent pas, ils s’intègrent avec leur ombre et leur lumière, ils comprennent leur fonctionnement, ils se prennent tels qu’ils sont, ils trahissent leurs parents pour devenir eux-mêmes, ils vivent une révolution intérieure et comprennent que l’extérieur est le miroir du monde intérieur. Par conséquent, au fur et à mesure que la compréhension se cristallise, un processus de transformation se fait au-delà de la volonté de toute forme de changement et d’espoir.. Ce n’est pas un changement, c’est une transformation. La transformation ne vient pas d’un espace de volonté, d’un passage de l’ombre à la lumière, mais de l’accueil des deux polarités.
Dans le processus de transformation, il ne s’agit absolument pas de passer du mauvais au bon, et surtout pas depuis l’espace de l’espoir! C’est une question d’encrage et d’ouverture du cœur pour entrer dans la résonance du vivant.
On pourrait aussi parler de changement si le changement était une question du passage du cerveau au cœur. Mais même là, le changement est une illusion, car l’ouverture du cœur ne vient jamais de la volonté de supprimer quelque chose. L’ouverture du cœur, c’est un alignement vertical et horizontal, c’est cela une transformation, un état vibratoire dans le changement permanent.
Le mouvement et les actions sont portés par cette résonance du vivant, qui vient de l’espace vibratoire du cœur, tandis que l’espoir ou la volonté de changement nous enferment dans un cercle vicieux de l’impossible.
Si tu veux changer quoi que ce soit, c’est que tu n’es pas dans l’espace du cœur où tout change en permanence.
Si tu veux changer quoi que ce soit, le fait de vouloir changer c’est que tu t’es identifié au problème et, en voulant le changer, tu l’ancreras et le matérialiseras davantage.
Si tu es dans l’espace du cœur, et que tu es rentré dans la résonance du vivant, et que tu réalises que tout ce qui existe est toi, comment peux-tu vouloir autre chose que ce qui est déjà là en toi?
Genève, le 14 juillet 2024
Aurika Ursu
Le leadership au service de la conscience